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 L’entraîneur.

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Flo...
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L’entraîneur. Empty
MessageSujet: L’entraîneur.   L’entraîneur. Icon_minitimeVen 15 Avr - 12:17


Pourquoi décide-ton de devenir entraîneur? Au moment où l'on décide de se lancer dans cette voie se pose-ton
la question de savoir s'il est facile de se faire une "place au soleil" ? Jusqu'à quel point
la chance influence-telle notre travail? Entraîneur naît-on ou l'on devient?
Ces questions surgissent très souvent dans mon esprit. Pas toujours facile de trouver
une réponse, d'avoir les idées claires car interviennent parfois des facteurs qui
perturbent notre acquis, bousculent nos certitudes. Ce qui est sûr c'est que le métier
d'entraîneur est terriblement captivant mais dangereux, irrationnel car il n'est pas
rationnel qu'un entraîneur doive être le seul responsable de ce qui arrive à 15 20
joueurs et surtout qu'il soit le seul à payer lorsque les choses vont mal.
,
Mais peut-être qu'à la base il y a un équivoque qu'il faut à tout prix éliminer car il peut
contribuer à éclaircir la situation. n ne faut pas croire qu'il soit facile d'être entraîneur et
que ce soit une façon comme une autre pour arrondir les fins de mois. Entraîner, à tous
les niveaux mais surtout au niveau des jeunes, doit être conçu comme quelque chose
de sérieux car on n'a pas toujours conscience du mal que l'on peut faire aussi bien sur
le plan physique que sur le plan moral !
Revenons toutefois à ma première question. Pourquoi décide-ton de devenir
entraîneur? Souvent le joueur en fin de carrière, souhaitant rester dans le milieu du foot,
décide de faire l'entraîneur et c'est le début des premiers malentendus. L'on croit en
effet que le fait d'avoir joué au foot, à un niveau plus ou moins élevé, soit une condition
indispensable pour devenir un entraîneur renommé. C'est déjà une première remise en
question qui doit voir le jour car il est plutôt rare de voir un grand footballeur devenir un
grand entraîneur.

Un champion s'appuie surtout sur son instinct et sur ses qualités naturelles qui lui
permettent d'atteindre une grande maturité sur le plan technique. Souvent les très
bons joueurs sont très introvertis mais sur le terrain ils n'ont pas besoin de grandes
explications, ils sont capables tout naturellement de renverser des situations parfois
compromises.
La grande vérité est que faire l'entraîneur n'est pas pareil qu'être joueur. Dans l'absolu je
pense même que pour être entraîneur il n'est pas indispensable d'avoir été joueur même
si deux inconvénients majeurs peuvent intervenir: le premier concerne le rapport avec
les joueurs, lesquels préfèrent la plupart du temps avoir à leur tête quelqu'un qui a vécu
auparavant ce qu'ils sont en train de vivre présentement et le deuxième inconvénient
peut surgir lors de certaines démonstrations. L'essentiel toutefois est d'avoir étudié le
foot dans tous ses détails, d'avoir compris l'esprit de ce sport, d'en avoir capté toutes les
nuances qui, pas à tort, est défini comme "le plus beau sport du monde".
Pour espérer devenir un entraîneur reconnu et apprécié quatre qualités sont, à mes
yeux, fondamentales :
v Une certaine prédisposition.
v Un caractère ouvert qui peut contribuer à se faire apprécier par les joueurs.
v Un minimum de psychologie
(si le minimum devient un maximum tant mieux).
v Une bonne culture.
La prédisposition est fondamentale même si toute seule elle ne suffit pas car je connais
des entraîneurs qui maîtrisent sur le bout des doigts tous les aspects théoriques mais
qui ont une peine énorme à faire passer un message et là on se trouve face à un gros
problème parce qu'il est difficile de leur apporter un complément d'information que l'on
ne retrouve nulle part, dans aucun livre mais uniquement dans la pratique, dans cette
faculté immensément importante qui est celle d'accumuler de l'expérience.
Le deuxième point concerne le caractère. C'est un point d'une très grande importance.
Un entraîneur nerveux est vite en difficulté car cette tension interne lui empêche
d'examiner sereinement des situations parfois difficiles. Dans les rapports avec les
dirigeants, journalistes et joueurs, l'entraîneur nerveux s'irrite facilement et finit par se
créer, entre lui et son entourage, une tension palpable qui ne peut pas déboucher sur
une saine coopération. Le fait d'être un peu trop laxiste peut aussi constituer un défaut
car le joueur se croit tout permis tandis que le président et les dirigeants essayent de lui
imposer leurs points de vue respectifs qui ne sont, la plus part du temps, pas vraiment
en syntonie avec la réalité.

On demande donc à l'entraîneur d'avoir un caractère ferme mais sans côtés exaspérés.
L'entraîneur doit comprendre très vite, vraiment le plus vite possible, ce qu'il y a à faire et
se comporter en fonction de la situation. Hausser parfois la voix, essayer de se mettre
tout le monde "dans la poche" surtout les joueurs naturellement, garder les yeux
toujours bien ouverts prêt, le cas échéant, à changer de route s'il devait s'apercevoir de
s'être trompé car admettre ses propres fautes est aussi une démonstration de force et
de courage.
Et c'est ici qu'intervient la troisième qualité, à savoir la psychologie. Un bon entraîneur
est toujours ou presque un bon psychologue. C'est cette qualité qui lui permet de
franchir certains obstacles, éclaircir certaines situations intriquées, connaître à fond ses
joueurs. Connaître ses joueurs est une nécessité à laquelle l'entraîneur ne peut se
soustraire. Contrôler une vingtaine de joueurs n'est pas chose aisée car ils ont tous un
caractère bien à eux (parfois bien trempé), leurs exigences, leurs problèmes, leurs
faiblesses. TI n'y a qu'un entraîneur superficiel qui se limite à suivre ses joueurs depuis
le bord de la touche tout en évitant soigneusement d'intervenir à chaque fois que le
besoin se fait sentir.
Mais il y a de fortes chances pour que l'entraîneur superficiel soit aussi un mauvais
psychologue. Les joueurs, abandonnées à eux-mêmes,
se considèrent comme des
poursuivis, exaspèrent leur mauvaise humeur et la transmettent aux partenaires. Pour
cette raison l'entraîneur doit intervenir de manière habile afin de faire peser son autorité
naturelle mais il devra le faire avec intelligence, à travers des qualités psychologiques
qui, si souvent sont le fruit de l'instinct, peuvent aussi s'acquérir. Un entraîneur qui n'est
pas un bon psychologue peut au moins s'efforcer de le devenir !
Quoi qu'il en soit, il reste encore un problème de taille à savoir l'application pratique. Il
faut beaucoup lire, avoir un coefficient intellectuel élevé et qu'à partir de là il soit
capable, même si de manière pas toujours parfaite, d'appliquer les principes généraux
que les textes de psychologie illustrent et enseignent.
Quatrième qualité la culture, essentielle dans tous les domaines de la vie et donc aussi
dans le football où le niveau culturel ne cesse de croître. L'entraîneur ne doit surtout pas
être inférieur, sur le plan culturel, à ses propres joueurs (étude des langues, notions de
culture générale, capacité de soutenir des discussions même à des niveaux élevés...).

Responsabilité du club.
Lorsque une équipe est en difficulté beaucoup trop souvent on souligne les erreurs de
l'entraîneur, l'inefficacité de ses méthodes et ainsi de suite raisons pour lesquelles on ne
peut rien faire d'autre que le remplacer. La tendance atteint des proportions
de plus en plus inquiétantes et c'est un phénomène qu'en s'exaspérant a transformé
l'entraîneur en un authentique paratonnerre de toutes les critiques. On n'admet pas, en
somme, le partage des responsabilités car souvent les dirigeants et les joueurs en ont
tout autant si ce n'est plus. C'est une admission que personne est disposé à faire aussi
parce qu'il est facile de remplacer l'entraîneur dans l'espoir, souvent pas fondé, que les
choses prennent une autre tournure.
Si, par contre, l'équipe gagne et vole de victoire en victoire, dans ce cas l'entraîneur
devient un héros et l'on entend dire que les dirigeants ont été habiles dans leur choix
car ils ont été capables de trouver un "entraîneur idéal" en lequel il faut avoir confiance
car il va nous permettre "d'atteindre les objectifs les plus ambitieux". En réalité, les
entraîneurs sont souvent soumis à des douches écossaises et même les plus résistants
d'entre eux en sont touchés. Un jour ils se trouvent en haut de l'affiche, un autre tout en
bas et le tout sur la base de résultats qui peuvent être, de manière fortuite, positifs
ou négatifs, mais ils ne devraient pas, en tous les cas, être les seuls à justifier un
jugement sans appel.
Il y a un aspect important du problème qui est parfois négligé à savoir que l'on oublie
que les entraîneurs ne travaillent pas dans les mêmes conditions ambiantes et qu'avant
d'émettre un jugement l'examen de toutes ces conditions devrait être fait et qu'il ne
faudrait pas tenir compte uniquement des résultats. Les entraîneurs n'ont pas à
disposition des contingents d'égale valeur, il y a même parfois de grandes différentes et
il faut garder tout cela à l'esprit.
Ceux qui ont à disposition un contingent sans quelques bons joueurs et qui n'est pas
complété par des joueurs d'expérience vont être, tôt ou tard, en difficulté. n faudra
lancer des jeunes et un effort supplémentaire devra être fait pour que tous les joueurs
donnent le meilleur d'eux-mêmes.
L'entraîneur qui peut s'appuyer sur quelques joueurs
de valeur et expérimentés, part d'une base solide qui lui facilite la tâche surtout parce
que ce sont les bons joueurs qui conditionnent la stratégie à adopter et ce sont eux qui,
la plupart du temps, créent les bases pouvant déboucher sur des résultats positifs. Il est
évident que le bon entraîneur peut devenir très bon avec des joueurs de valeur mais il
ne faut pas oublier que parfois des facteurs externes empêchent à un technicien parfait
en théorie de le devenir en pratique.

On parle ici de bon et de moins bon entraîneur mais il serait intéressant de se poser la
question de savoir quand un entraîneur est bon et quand il ne r est pas. Difficile que de
répondre à cette question car il ne se passe un jour sans lire ou entendre qu'un
entraîneur a été limogé et qu'il était donc mauvais aux yeux de ses anciens dirigeants et
qu'il est réengagé deux semaines plus tard par un autre club et que ce club retrouve des
couleurs. Dans ce domaine il y a trop de légèreté, il n'y a pas assez de réflexion de la
part des dirigeants, ils paniquent souvent trop vite et les entraîneurs sont trop vite
écartés. Je suis de ravis que l'on donne parfois beaucoup trop d'importance au très
court terme et les dirigeants ne planifient pas au-delà
de 3 4
matches. Déjà à la
première défaite les bonnes intentions commencent à prendre des rides et mettre tout le
monde sous pression. Indéniablement, même au niveau des actifs, on devrait relativiser
un peu plus l'importance d'une victoire ou d'une défaite et se dire que l'entraîneur n'est
qu'un partie du puzzle et que les responsabilités il faut les partager et lui faire porter le
chapeau, à chaque fois, n'est tout simplement qu'un manque de respect important.
Il faut s'attarder aussi sur révolution du rôle d'entraîneur. Il y a quelques années
l'entraîneur n'était rien d'autre qu'un "capitaine non joueur". Il devait avoir un regard sur
l'équipe, préparer physiquement les footballeurs qui lui étaient confiés et faire en sorte
d'éviter les grands problèmes internes. Ses tâches étaient en définitive limitées et bien
définies. Les mises à l'écart étaient plus espacées.
De nos jours, les choses se présentent bien différemment. L'entraîneur, qui fait
consciencieusement son travail, doit s'occuper de vraiment beaucoup de choses, il doit
être donc compétent dans plusieurs domaines et avoir les yeux partout. Il doit. par
exemple, surveiller. l'alimentation de ses joueurs, leur vie privée, superviser les équipes
adverses, soigner les relations avec les dirigeants et la presse, s'occuper de
l'entraînement de condition physique, les tester plusieurs fois par saison, il doit
constamment suivre des cours de perfectionnement. Je ne cite là que les principaux
problèmes que l'entraîneur doit affronter et résoudre.
Ce qui est vraiment dommage c'est que souvent l'entourage même contribue à le
perturber dans ses démarches. Je pour habitude de dire: "il faut le laisser s'exprimer et
après on fera un bilan, mais au départ laissons-le
libre de travailler sans pression".
Ce phénomène de se séparer de l'entraîneur on peut, en partie mais uniquement en
partie, le comprendre au niveau professionnel car il y a des intérêts énormes et où un
club de foot se transforme en une vraie industrie et où les présidents et les dirigeants
sont constamment aux prises avec des problèmes financiers qui ne sont pas toujours
faciles à résoudre. Dans ce cas, quelques défaites de suite peuvent vraiment déboucher
sur une situation difficile. L'équipe qui perd, en effet, voit son public l'abandonner et si
les dirigeants ont déboursé des sommes importantes pour la renforcer ils ne vont pas
manquer de s'énerver et de se mettre à la recherche du coupable qui sera vite trouvé en
la personne de l'entraîneur.

Mais que dire lorsqu'il s'agit de clubs amateurs. On est, en somme, face à un problème
de caractère général qui intéresse tous les clubs et cette constatation ne peut pas nous
laisser de marbre. Il faut souligner aussi que ces mises à l'écart sont justifiées parfois
par des motifs pas très clairs ou compréhensibles. La solution je la vois dans le fait qu'il
faudrait retrouver de plus en plus d'anciens joueurs dans les différents comités, des
hommes de terrain qui ont vécu ces situations et qui ont ce pouvoir de relativiser et
d'imposer, le cas échéant, leurs vues avec beaucoup d'à propos,
de doigté et de
compétence.
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