Glace ou chaleur?

La question qui revient le plus souvent au sujet du traitement des blessures est: « Dois-je mettre du froid ou du chaud? ». La plupart du temps, les gens du milieu de la santé leur répondront: « Ça dépend! »

La guérison d’une blessure et le processus inflammatoire.
Avant d’élaborer sur l’utilisation de ces modalités, voyons ce qui se produit lors d’une blessure. Quant on parle d’entorse, de déchirure musculaire ou de brûlure, il se produit une lésion au niveau du tissu concerné (ligament, muscle, peau) accompagnée d’une rupture de très petits vaisseaux sanguins, nommés capillaires. Les cellules endommagées ainsi que l’épanchement de sang sur le site de la blessure stimulent le processus de guérison. Ce dernier comporte deux phases générales: la réaction inflammatoire et la cicatrisation.

Faisons un parallèle. Lors d’un incendie (blessure) les premiers intervenants sont les pompiers (réaction inflammatoire). Ceux-ci tentent par tous les moyens de stopper le feu en allant jusqu’à briser des murs et des portes. L’inflammation provoque la libération d’enzymes et de phagocytes dont le rôle est de détruire les cellules endommagées 3. Souvent les cellules saines qui entourent cette région sont aussi touchées. Elle cause aussi de l’enflure (œdème). La durée de l’inflammation varie en fonction de la gravité de la blessure. Normalement, elle est très forte pendant les premiers 24 heures et diminue progressivement sur 2 à 7 jours 3.

Quand les pompiers repartent, c’est le bordel. Il faut donc contacter un menuisier (cicatrisation) (Oui, Oui, Groupe Qualinet aussi) afin qu’il puisse rebâtir la maison. Le travail du menuisier est proportionnel à la quantité de dommages causés par l’incendie et les pompiers. La cicatrisation est la déposition de tissus fibreux (cicatrice) sur le site de la lésion qui sera ensuite remplacé en totalité ou en partie par le tissu original ( ligament, muscle, peau). Cette phase dure plus longtemps et dépend aussi de l’étendue des dommages. Elle peut durer de quelques semaines à quelques mois. La majorité du temps, l’inflammation est exagérée par rapport à la gravité de la blessure et elle se prolonge sur une trop grande période. C’est comme si les pompiers insistaient pour rester et empêchaient les menuisiers de venir faire leur travail.

LA GLACE

Maintenant que le processus de guérison d’une blessure est expliqué, voyons les effets de la glace. Les scientifiques ne s’entendent pas sur son découvreur. Certains soutiennent qu’il s’agit d’un esquimau nommé AGAGUK alors qu’un autre clan nous rapporte que c’est M. FREEZE...

Le traitement avec de la glace s’appelle cryothérapie. Elle provoque les réactions suivantes:

A) Une réduction du métabolisme (ou activité) cellulaire. Cette réduction du métabolisme protège les tissus sains des dommages qui seraient causés par les enzymes pendant la phase inflammatoire initiale. 4,2

B) Une constriction des vaisseaux sanguins et une augmentation de la viscosité du sang. Ces deux dernières réactions limitent l’épanchement sanguin qui résulte de la rupture des petits vaisseaux sanguins. Elles contribueraient aussi à limiter l’œdème.5,2

C) Une diminution de la vitesse de conduction des nerfs périphériques= diminution de la douleur par anesthésie. 6,2

L’application de glace cause une diminution de 2 degrés Celsius à 2 cm de profondeur en 10 min 4,2 . La durée d’application variera en fonction de l’épaisseur du tissu adipeux sous cutané, c'est-à-dire que le traitement d’une blessure à la cuisse est plus long que celui d’une blessure à la cheville.

Voici les différentes formes de cryothérapie avec leurs utilisations, leurs avantages et leurs inconvénients.

A) Massage de glace: Faites geler un verre de styrofoam à moitié plein d’eau. Une fois que la glace s’est formée, coupez le fond du verre. Appliquez la glace directement sur la peau et déplacez-là en un mouvement circulaire continu pendant 3-10 minutes. Vous éprouverez dans l’ordre une sensation de froid, de brûlure, de douleur puis d’engourdissement. Le massage de glace est surtout indiqué pour provoquer l’anesthésie locale. L’inconvénient lié à son utilisation est qu’à mesure que la glace fond, l’eau s’écoule. On ne peut donc pas l’utiliser n’importe où.

B) Sachet de gel: Pratique et réutilisable, le sachet de gel est aussi le plus confortable à l’utilisation. On recommandera, selon l’épaisseur du tissu adipeux, une application de 10 à 30 min. 4,2 Par contre, l'effet du sachet agit moins en profondeur que la glace entourée d’une serviette. 1,4

C) Glace dans une serviette: Placez de la glace dans une serviette humide et appliquez sur la région blessée pendant 10-15 min. 2,1 L’humidité associée à la fonte de la glace pénétrera la peau pour cause un refroidissement plus important. 1,4 L’avantage de cette modalité est aussi son inconvénient à cause de l’eau qui s’égoutte.

D) Dans quelles conditions met-on de la glace?
Pour réduire la douleur, l’enflure et les dommages causés par la réaction inflammatoire initiale, il est important de mettre de la glace dans les 24 à 72 premières heures après une blessure.2 Elle est aussi recommandée après les entraînements lors du retour à l’activité après une blessure mais jamais avant l'entraînement.

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LA CHALEUR

La hausse de la température des tissus cause des réactions sensiblement contraires à la glace:

A) Augmentation du métabolisme: hausse de la synthèse des protéines nécessaires à la réparation des tissus endommagés, stimulation de l’activité des phagocytes (cellules qui absorbent les résidus des tissus endommagés). Une augmentation du métabolisme cause par elle-même une augmentation de la température locale.2

B) Diminution de la viscosité du sang .2

C) Dilatation des vaisseaux sanguins: meilleur apport de l’oxygène et des protéines nécessaires à la réparation des tissus. Aide à éliminer les métabolites (déchets) des muscles et ainsi réduire les spasmes.2

D) Une réduction de la douleur par contre-irritation. 2La contre irritation est une stimulation du système nerveux afin de détourner son attention de la douleur. Par exemple, si vous avez mal à la tête, donnez-vous un coup de marteau sur un doigt et probablement que votre mal de tête disparaîtra.

La pénétration de la chaleur est moins importante que la glace. 2 Son utilisation est proscrite lorsqu’il y a de l’œdème, une thrombophlébite ou une mauvaise circulation. Les différents modes d’application sont les suivants:
-sac de gel réchauffé au four à micro-onde
-bouillotte
-coussin électrique avec compresse humide ou non

En clinique, les professionnels de la santé utiliseront des compresses chaudes à l’hydrocollateur, des bains de paraffine ou les infrarouges.

Quand doit-on appliquer de la chaleur?
On recommandera la chaleur pour réduire les spasmes musculaires et la douleur, 72 heures après une blessure afin d’accélérer la guérison et pour augmenter la flexibilité avant de faire des étirements. 2

Conclusion
Comme vous avez pu le constater, la glace et la chaleur provoquent des effets contraires sur les tissus blessés. Pourtant, le but de leur application est le même: réduire l’inflammation afin que la lésion guérisse le plus rapidement possible. La glace sera recommandée dans les premières heures suivant une blessure, tandis que la chaleur sera plus utile une fois que la phase aiguë est passée. Dans le doute, il est préférable d’appliquer de la glace et, si cette dernière n’offre pas de soulagement, consultez un professionnel de la santé.