Sujet: Le Maroc de Gerets atomise l'Algérie Dim 5 Juin - 15:47
Le Maroc de Gerets atomise l'Algérie 4-0
Traité de mercenaire, Gerets est passé en l’espace d’une soirée du statut de paria à celui de héros du peuple marocain, en menant les Lions à la belle victoire contre l’Algérie.
En football, on dit souvent qu’il suffit d’un match ou d’un geste pour être l’idole de tout un peuple à jamais. Eric Gerets, l’ancien coach de l’OM, va peut-être le constater dans les prochains jours après qu’il ait réussi à mener sa sélection marocaine à un large et invraisemblable succès contre l’Algérie (4-0), en éliminatoires de la CAN. Dos au mur, Lion de Rekem a su finalement transcender ceux de l’Atlas pour offrir au peuple marocain, celui qui l’avait pourtant tant décrié ces dernières semaines, un cadeau qu’il n’est manifestement pas prêt d’oublier. Naturellement, la communion fut alors énorme et connaissant le talent et la rage de vaincre de ce technicien, elle est bien partie pour se prolonger, n’en déplaise à ceux qui l’avaient trop vite enterré. De plus, l’intéressé est bien parti pour vivre une autre belle expérience professionnelle au Maghreb après celles qu’il a vécues en Europe et en Asie.
Il a redonné la fierté aux marocains
Bien sûr, il est souvent déconseillé de crier victoire trop vite, mais comment pouvoir imaginer désormais que ce Maroc-là ne dispute pas la prochaine Coupe d’Afrique des Nations. Depuis samedi, et ce coup de tonnerre survenu à Marrakech, tout semble réuni pour que Hadji et ses coéquipiers renouent avec les joutes du tournoi continental. Et pour cela, ils pourront tirer une fière chandelle à leur sélectionneur. Celui qui leur a redonné la confiance qu’ils ont perdu depuis longtemps, et qui, surtout, leur a fait jouer un football de très haut niveau à laquelle l’Algérie, fut-elle mondialiste, n’a pu résister. Oui, Gerets a transfiguré cette sélection marocaine, et, sans être orgueilleux, il en est lui-même convenu après le match. « Je ne surprendrai personne si je dis que c’était notre meilleur match depuis que je suis là. Il s’est passé quelque chose ces derniers jours durant le stage. Ce fut une soirée exceptionnelle pour 35 millions de marocains » a-t-il lâché avec une grande fierté.
Alors, qu’est-ce qui exactement passé pour que cette sélection que l’on disait prometteuse mais incapable de se surpasser collectivement se mette soudainement à carburer à plein régime ? Tout d’abord Gerets a visiblement su mettre chacun de ses joueurs devant ses responsabilités, leur insuffler une volonté de fer et leur faire comprendre que le salut passait inéluctablement par le sacrifice du soi : « tous les gars ont joué un gros match. Ceux qui étaient un peu en deçà ont compensé par leur combativité ». Par ailleurs, fidèle à lui-même, il a procédé aux remaniements tactiques adéquats pour que cette sélection puisse exploiter au mieux son potentiel. « Au début, on a failli recommencer avec ses ballons longs. Sauf qu’on manquait de profondeur... On a corrigé ça et commencé à jouer au foot, explique-t-il. On était la meilleure équipe sur le terrain. Tactiquement et techniquement. On était mieux en place. Ce 4-0 est une belle récompense ».
Impassible face aux critiques de la presse
Au-delà de ce qui fut apparent comme changement, Gerets a su, en outre, faire les choix qui s’imposaient en interne. La mise à l’écart d’Adel Taarabt, l’un des grands espoirs du pays, 24 heures avant le match en est la preuve. Par le passé, cette équipe était systématiquement gangrenée par ce genre de tiraillements. Et le technicien Belge a eu l’audace de prendre des décisions radicales pour le bien du collectif. Il a toujours agi de la sorte et il va continuer à le faire. « Je suis ma philosophie depuis le début, a-t-il affirmé. Je ne change rien. Rien n’a changé. On travaille tout le temps ensemble : il y a eu un déclic pendant le stage. On a beaucoup parlé ». N’en déplaise à l’ancien Lensois, qui semble être le grand perdant de l’histoire. « J’espère qu’il a vu le match. Maintenant, il sait pourquoi je l’ai écarté » lui a lancé un Gerets quelque peu rancunier, mais aussi bien content d’avoir eu raison.
Le bras de fer contre Taarabt n’est pas le seul que Gerets ait remporté à travers ce triomphe de Marrakech. Il a aussi fait taire la presse locale. Désigné à la vindicte, en raison notamment de son salaire mirobolant et aussi son arrivée tardive au pays alors que son contrat était paraphé depuis l’été dernier, le Flamand a su faire abstraction de toutes ses contraintes pour ne se concentrer que sur sa mission. Une attitude qui fut finalement payante, et il en est désormais très heureux. « Maintenant, je peux dormir sur mes deux oreilles » a-t-il affirmé lors du point presse d’après-match. Tout en étant ravi, Gerets est aussi resté cependant lucide, et c’est ce qui fait assurément sa force. En pleine euphorie, il a ainsi tenu à rappeler à tout le monde « qu’il faudra encore se battre pour aller à la CAN ». La bonne nouvelle dans cette optique, c’est qu’il ne reste plus que trois points à prendre pour assurer cet objectif. Et l’autre bonne nouvelle, c’est que dans sa conquête, le nouveau héros du Maroc a désormais le soutien de tous. Dans ce contexte là, il est encore meilleur. Les Marseillais pourront en témoigner.